Une page se tourne: l’ère Berlusconienne est terminée

L’Italie commence à reprendre son souffle et à retrouver son importance en tant que puissance économique de l’Union Européenne (la troisième après l’Allemagne et la France) après une semaine plutôt mouvementée.

Tout a commencé lorsque Berlusconi dans les jours précédents sa démission n’a pas eu la majorité absolue en chambre sur le balance de l’état. Ce qui a immédiatement affecté les marchés boursiers: le gouvernement de Berlusconi venait de perdre la totale confiance des marchés. Disons que ce n’était pas la première fois, mais cette fois-ci on s’attendait au pire.

Même la directrice du FMI Christine Lagarde a laissé savoir que le pays perdait en confiance : «Le problème de l’Italie n’est pas sa situation financière, mais le manque de confiance.» Et sur le plan des mesures que le gouvernement Berlusconi a mis de l’avant sans y donner suite elle dit:«L’Italie ne peut pas seulement annoncer des mesures, mais elle doit les réaliser.» Un journaliste anglais abonde dans le même sens que Mme Lagarde dans une entrevue donnée au journal La Repubblica: «Le gouvernement italien a fait peu de choses pour affronter la lente croissance du pays et de son énorme dette publique. Les problèmes existaient aussi avant, mais maintenant c’est pire et les promesses non tenues ont minées la crédibilité du gouvernement.» En bref, le gouvernement a d’abord nié la crise, pour ensuite la minimiser et finalement tenter en vain de sauver le pays.

Quelques jours plus tard, le Président de la République Giorgio Napolitano nomme comme sénateur à vie Mario Monti. Un geste clair: le Président veut nommer l’économiste comme nouveau Premier ministre du pays.

Qui est Monti? On le surnomme le Professeur puisqu’il est le Président et également professeur à la prestigieuse Université Bocconi à Milan. Il a été un conseiller pour la compagnie Goldman Sachs et a été Commissaire Européen à Bruxelles. L’homme de 68 ans provenant de la Lombardie est également un économiste de renom et est considéré comme l’homme qui pourrait tranquilliser les marchés et guider le pays hors de la crise.

Le samedi suivant, le 12 novembre, on approuve en chambre le maxi amendement pour sauver le pays de la crise. (voir article: https://thebootnews.wordpress.com/2011/11/02/ultimatum-pour-le-gouvernement-italien/ ) et le soir même, Berlusconi donne sa démission au Président de la République. Une foule de personnes bouteilles de champagne en main l’attend à l’extérieur pour fêter ce moment. À sa sortie, on lui lance des sous noirs en signe de mécontentement et on l’insulte en criant «Bouffon! Bouffon!» ou en lui disant d’aller en prison ou en faisant allusion à la tombée des dictatures dans les pays arabes en scandant «Printemps! Printemps!»

Le lendemain, Mario Monti devient officiellement Premier ministre de l’Italie.

Depuis, un gouvernement technique a été formé et approuvé par la Chambre des représentants et le Sénat. Tous les partis l’ont approuvé sauf la Ligue du Nord, parti d’extrême droite, qui accuse le nouveau gouvernement d’être anti-démocratique. Le parti voudrait plutôt des élections qui sont prévues qu’en 2013. Le gouvernement est composé de ministres techniques qui ne sont pas des politiciens.

Le gouvernement restera toutefois démocratique contrairement à ce que la Ligue du Nord pense parce que tous les projets de loi devront être approuvés par le Parlement c’est-à-dire, les représentants du peuple. Comme le journaliste Roberto D’Alimonte du journal financier Il sole 24 écrit dans un article, un gouvernement technique était la chose à faire: «Ce gouvernement est né parce que dans un climat de lutte permanente [entres partis politiques] il est impossible de prendre les décisions nécessaires pour sortir le pays de la crise

Le choix des ministres dits technocrates et non politiciens, ne fait toutefois pas l’uninanimité: la droite et l’extrême gauche croient en la théorie du complot où le pays serait guidé par l’élite bancaire et les multinationales. Les étudiants sont du même avis et ont manifesté jeudi le 17 novembre après l’annonce des ministres pour cette même raison. On parle entre autres du ministre du Développement et des Infrastructures qui est dirigeant (maintenant ancien dirigeant) de la plus importante banque d’Italie et Mario Monti qui a déjà travaillé pour Goldman Sachs.

Ces théories du complot rappellent celles qui se sont répandues à la fin des années 1920 et 1930 aux États-Unis après le krach boursier de Wall Street: on pensait que les groupes de banquiers d’origine juive contrôlaient les marchés financiers.

Mardi le 22 novembre:  L’Italie est maintenant revenue au centre de l’Union Européenne. Monti s’est rendu à Bruxelles pour rencontrer les parlementaires de la Commission Européenne. Il remet ainsi l’Italie sur la carte.

Les réactions

L’ancien Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, voit d’un bon oeil le nouveau gouvernement en place: «Nous avons un gouvernement technique de haut niveau. Avec Monti nous sommes en bonnes mains et il y aura une collaboration loyale. 

Le Président Français, Nicolas Sarkozy envoie une lettre au nouveau Premier ministre lui disant: «Cher Mario les prochaines semaines seront décisives, ensemble nous pourrons réussir.»

La Chancelière Angela Merkel s’est dit satisfaite du choix de Monti: «Monti est un expert qui connaît très bien l’Europe.»

Ambassadeur américain en Italie, David Thorne, dit: «Il y a une nouvelle équipe que nous devons tous soutenir. L’Italie trouvera une solution.»

Le comédien Roberto Benigni:  «Berlusconi! Qu’allons-nous faire sans toi?»

Les priorités du gouvernement

Rigueur dans les comptes publiques, croissance et équité. Lorsque l’on parle d’équité c’est de faire payer ceux qui ont payé le moins ces dernières années c’est-à-dire, les plus riches.